La première fois (dans mes souvenirs) que j’ai entendu sa voix, c’était en 1996. Je commençais à jouer au tout premier Tomb Raider !
Et je l’avoue, je suis tout de suite tombé sous le charme.
24 ans après, c’est toujours une immense joie de la réentendre dans les films, séries, publicités, jeux vidéo,..
Françoise Cadol possède la plus belle « voix » du cinéma français.
Angelina Jolie, Lara Croft (1996 à 2014), Sandra Bullock, Patricia Arquette, Brenda Strong, Tilda Swinton… etc…
Une carrière à donner le vertige !
Il est certain que tu l’as déjà entendu une fois dans ta vie ! Le contraire serait impossible.
Merci infiniment à Françoise Cadol de m’avoir accordé de son temps durant cette période très compliquée pour répondre à mes quelques questions.
Une fierté et une joie que je te partage.
Vous êtes une des plus grandes voix du doublage français, comment êtes-vous arrivée dans ce métier ?
Après des années de cours de théâtre, je suis allée à la rencontre des différentes possibilités que m’offrait ce métier et le doublage en faisait partie. Je suis allée dans des studios, regarder, écouter, puis passer des essais.
Doublage cinéma, série TV, jeux vidéos… comment se passent les enregistrements pour vous ? Vos techniques sont différentes selon le style de doublage ?
C’est excitant de passer d’une équipe à une autre, d’un studio petit pour un jeu vidéo, à un studio plus grand pour un film cinéma. De passer quelques heures pour un travail ou quelques jours. Ce n’est jamais la même équipe, la même histoire, la même atmosphère, pas les mêmes supports, mais c’est avant tout, un travail d’équipe où chacun a son rôle et sa place. C’est captivant, voir passionnant. Et parfois certains enregistrements deviennent des souvenirs. Quelques techniques sont différentes, mais on est avant tout comédien.
Vous êtes LA VOIX régulière d’Angelina Jolie ! Comment on devient la voix d’une des plus grandes stars du cinéma ?
Ayant prêté ma voix à Lara Croft dans les jeux vidéo Tomb Raider, quand Angelina Jolie a incarné ce personnage à l’écran, j’ai passé des essais pour la doubler. Tout est parti de là.
En 1996, sort justement ce jeu vidéo: Tomb Raider. Pendant très longtemps vous étiez la voix de la belle Lara Croft, jusqu’au reboot complet de la franchise en 2013 (seule exception avec: Lara Croft and the Temple of Osiris en 2014). Aviez-vous imaginé que cette série de jeux vidéo allait avoir autant de succès que ça ?
Non, et je crois que beaucoup ont été surpris de l’impact. Belle surprise !
Votre pire souvenir de doublage ? Si vous êtes autorisée à en parler. Ou le plus complexe ?
Aucun mauvais souvenir. Un choix, un jour, de ne pas doubler un film d’horreur psychologique, n’ayant pas envie de rentrer dans ces énergies.
Vous avez doublé une multitude de voix. Quelle est celle dont vous êtes la plus fière ?
ll y a de nombreuses comédiennes que j’aime particulièrement doubler. Parmi elles, Angelina Jolie bien sûr, mais aussi Sandra Bullock, Patricia Arquette, Annette Bening, Nicola Walker, Nina Hoss, Marta Milans, Brenda Strong, Tilda Swinton… C’est une chance et ces comédiennes m’apprennent beaucoup.
Vous citez Sandra Bullock. J’ai récemment revu le film « Gravity » dont vous êtes la voix du Dr Stone.
Sur certaines scènes j’ai eu de la peine à respirer avec l’actrice, dans ce huis clos spatial.
C’est aussi le sentiment que vous avez eu en travaillant sur ce film ?
J’ai du m’asseoir plusieurs fois car j’étais en hyperoxygénation.
Prise par le film, le jeu de Sandra Bullock, l’espace, et la respiration.
J’ai fait un article l’année dernière traitant sur le fameux débat : c’est mieux la VO(stfr) ou la VF ?. Pour vous, il y a des séries ou des films que vous préférez voir en version originale, ou par solidarité avec vos collègues et votre métier vous privilégiez la VF ?
Je pense que le plus important est d’avoir le choix, non ? Après c’est très subjectif.
Vous avez fait partie du casting vocal d’une des meilleures séries des années 2000 et 2010: Desperate Housewives (le rôle de Mary Alice Young, interprétée par Brenda Strong) Comment vous êtes-vous sentie quand la série a pris fin ?
Le dernier épisode s’est fait dans l’émotion bien sûr, mais aussi et surtout dans la joie. La série durait depuis plusieurs années déjà. Bien sûr elle était un vrai rendez-vous d’équipe, cependant Il était temps de fermer la boucle et de passer à autre chose. Avec le sourire.
Comment se passent les relations entre les doubleurs ? Est-ce une très grande famille, ou il y a une tout de même une concurrence entre vous ?
Nous ne sommes pas des doubleurs, mais des comédiens avant tout. Une grande famille avec certains, quand il y a des souvenirs et de la mémoire. Quant à la concurrence, il y en a sans doute, peut-être, je ne pense pas à cela.
Cette année cinématographique est fortement perturbée par le Covid-19… Quels sont vos projets actuels et futurs malgré tout ?
Outre les enregistrements qui vont revenir, les castings et tournages qui vont se proposer, mes projets à venir sont théâtraux. « La femme qui ne vieillissait pas », que nous devions créer cet été à Avignon dans une mise en scène de Tristan Petitgirard, est décalé à l’année prochaine. C’est un roman de Grégoire Delacourt que j’ai adapté pour le théâtre. Et « Une nuit avec Monsieur Teste » que j’ai écrit, librement inspirée de l’œuvre de Paul Valéry, dans lequel je vais jouer avec trois autres camarades, et que je vais mettre en scène, sera créé quant à lui en mars 2021 à La Scène Nationale de Sète, avant d’aller à Avignon.
Un petit mot pour la page ?
Dans cette période bien mouvementée, soutenir l’Art et la Culture est un acte de première nécessité. Merci à vous.