Marjorie Frantz est une comédienne ayant un grand respect et une passion hors du commun pour son travail… et d’un professionnalisme exemplaire. Elle est également perfectionniste et très soucieuse du détail.
On a tous pleuré avec elle dans le fabuleux film « Million Dollar Baby ».
Vous venez de quitter le Terminal… Bienvenue sur le vol AIR-FRANTZ pour cette belle Interview.
Marjorie Frantz, quand j’évoque votre nom je pense immédiatement à Hilary Swank, une actrice incroyable. Et surtout au film Million Dollar Baby (2004) … qu’on ne présente plus. Comment s’est passé le doublage de ce film ?
Concernant l’enregistrement de « Million Dollar Baby », ça s’est passé à un moment de ma vie où j’avais décidé d’arrêter de faire ce métier pour des raisons personnelles.
Et donc j’avais tout abandonné pour partir à La Havane, à Cuba, sans prévenir les gens du métier.
Or je reçois un coup de téléphone sur le Malecòn (promenade de front de mer à la Havane) du Directeur artistique qui allait s’occuper de ce film qui s’appelait José Luccioni. Il nous a quittés il y a quelques mois et il me manque beaucoup car j’avais une profonde tendresse même s’il avait un caractère bien trempé. Ce Monsieur, que je ne connaissais pas à l’époque, me téléphone et me dit : « Frantz, t’es à Paris lundi à 9h00 » puis il raccroche ! Je ne sais pas pourquoi, j’ai pris un avion sans savoir ce que j’allais faire.
En fait il avait eu un instinct, m’a-t-il dit après : il m’avait vue dans un couloir de studio, et il avait eu l’instinct de me mettre sur ce personnage sans même l’avis du client. Pour ce genre de film et de rôle très important, il y a en général des essais, ce qui équivaut à un casting où plusieurs comédiens enregistrent une scène afin que leur voix soit proposée à la production et qu’elle puisse faire un choix.
Il m’avait donc fait une confiance incroyable. Ça a été un enregistrement un peu magique car cette comédienne est incroyable, ce mélange de fragilité et de puissance… quel plaisir, quel honneur de la doubler en français…quel film et voilà… !
Je me souviens de la scène avec le stylo quand elle est paralysée, j’étais en larmes… Depuis, j’ai la chance de continuer à la faire, je crois assez systématiquement et j’en suis ravie.
Par la suite, en 2005, Hilary Swank remporte l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Million Dollar Baby. Qu’est-ce qu’éprouve un(e) comédien(ne) de doublage quand son personnage gagne un prix aussi prestigieux ?
Concernant l’Oscar, non, je ne me sens pas concernée. C’est elle qui l’a eu. Et puis en fait, ça tombe souvent très tard, beaucoup plus tard que nos enregistrements donc non, je ne fais pas de lien. Je sais qu’il y en a quelques-uns qui ont un peu le melon (rire) mais non, je vois pas le rapport en fait.
Comment êtes-vous arrivée dans le monde du doublage ?
J’étais au théâtre.
Je tiens à préciser que le doublage est un métier de comédien, c’est une particularité dans le métier de comédien, au même titre qu’il y a de la pub, des audios livres, des téléfilms, du cinéma, du théâtre, on ne fait pas de doublage sans être comédien. Il faut avoir une formation de comédien. J’insiste là-dessus parce qu’il y a beaucoup de gens qui croient qu’avoir une jolie voix ou bien se tester devant la télé suffit. Non. C’est un petit peu plus compliqué que ça. En l’occurrence, j’étais au théâtre, je jouais « Les Caprices de Marianne », et un Directeur artistique que je ne connaissais pas est venu me voir à la sortie du spectacle et m’a dit « Qu’est-ce que tu fais lundi ? » Ce à quoi je lui ai répondu : « Rien », (puisque le lundi est un jour de relâche au théâtre) et le lundi suivant je suis arrivée dans un studio pour la première fois de ma vie et j’ai eu la chance de doubler Julia Roberts dans « Prêt-à-porter », de Robert Altman. Pour des débuts, c’est quand même tapis rouge !
Donc j’ai eu beaucoup beaucoup de chance, j’ai été formidablement servie par ce Directeur artistique qui s’appelle Hervé Icovic et qui m’a fait confiance dès le début sur de très jolis rôles, et je crois que c’est lui qui m’a mise sur Cameron Diaz aussi.
J’ai beaucoup travaillé avec lui ! En tout cas c’est avec lui que j’ai commencé, et je pense qu’il ne m’a pas donné de trop mauvaises bases puisque je continue à travailler encore aujourd’hui.
Vous êtes très active dans le doublage de film et de séries TV. Vous appréhendez votre travail de la même manière selon le type de doublage ?
Concernant la différence d’enregistrement entre la télévision et le cinéma, les films pour le cinéma nous permettent de travailler avec plus de temps.
Il faut quand même parler du pro-rata : un film normal (on ne va pas parler des films à gros budgets ou des films particulièrement lourds) : Un film se tourne en gros sur deux mois, deux mois et demi.
Un doublage de cinéma se fait sur six jours donc on ne peut pas prétendre à la même précision et pourtant on fait tout ce qu’on peut pour…
On a quand même beaucoup moins de temps pour se préparer, il n’y a d’ailleurs aucune préparation pour enregistrer ! A nous d’avoir une exigence personnelle et d’être efficace, concentré et réactif
Mais là où le bât blesse, c’est que pour la télévision nous avons moitié moins de temps. Et quand je dis moitié moins de temps, je suis même gentille. Parfois c’est même encore moins. Donc il faut arriver à être bon quand même, sachant que nous avons la plupart du temps deux jours et demi pour faire un téléfilm et trois jours et demi pour faire trois épisodes de 45 minutes, tout rôle confondu.
C’est donc un travail d’une rapidité et d’une concentration incroyable. Ça ne paraît pas mais c’est fatiguant !
Mais non, je ne travaille pas moins bien quand je travaille pour la télévision, j’y mets mon petit cœur et mon énergie de la même manière, simplement on ne me donne pas toujours les mêmes moyens !
Et, je parle du doublage en général, il faut savoir que nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne. Il y a avant nous l’auteur/adaptateur , à qui on donne moins de temps aussi pour travailler quand c’est pour de la vidéo que quand c’est pour du cinéma, donc le texte est moins précis.
On donne moins de temps également au détecteur qui relève tous les mouvements de bouche, donc tout est de cet acabit… au final on a moins d’armes pour se battre quand on enregistre pour la télévision. Les personnes qui déterminent le temps nécessaire à l’enregistrement ne sont pas sur les plateaux et leurs critères sont souvent basés sur le nombre de lignes or on leur demande de serrer les budgets… c’est pas comme ça que ça fonctionne, malheureusement !
Donc la vidéo est le parent pauvre. Parfois certains films ne nécessitent pas d’avoir plus de temps qu’il n’en faut, et parfois certaines séries TV type « House of the Dragon », sur laquelle je suis, nécessitent le même temps d’enregistrement qu’un film à gros budget. Quant à la qualité et à l’exigence, ça reste la même.
Voilà, j’espère que j’ai été assez précise !
Votre père, Jacques Frantz, était la voix française de Robert de Niro et de Mel Gibson notamment.
Avez-vous eu l’occasion de partager un doublage sur un même film ?
Oui, mon papa s’appelait Jacques Frantz, il est parti en 2021.
J’ai eu l’occasion d’enregistrer avec lui.
Lui sur De Niro, moi sur Hilary Swank, dans un film qui s’appelait « Happy New Year », film choral avec beaucoup de stars.
C’était un très joli moment bien sûr, il y avait du monde dans le studio pour venir nous voir travailler ensemble. Et puis je l’ai dirigé sur une série qui s’appelait « Quantico » où je faisais la direction artistique, et où lui il faisait le méchant d’une des saisons.
On a assez peu travaillé ensemble. On se croisait évidemment en studio mais on a assez peu travaillé ensemble. Il ne m’a pas du tout simplifié la vie pour que je rentre dans ce monde là puisque sa crainte, et il avait complètement raison, c’était que je ne passe pas par la case « théâtre » et que je me fasse happer par le doublage.
Il m’a presque interdit l’accès au studio en me disant : « Tant que tu n’auras pas fait de théâtre, je ne te présenterai pas les gens ».
Donc ça n’est pas du tout par son entremise que je suis rentrée là-dedans, comme je vous le disais tout à l’heure, et avec le recul je crois qu’ il a bien fait.
J’insiste vraiment sur le fait d’être d’abord et avant tout comédienne avec une formation pour pouvoir travailler correctement dans ce monde du doublage.
Catherine Zeta-Jones, Toni Collette, Mila Kunis… Comment vous arrivez à différencier votre voix pour prendre possession du personnage ?
Concernant la différenciation des voix, ça c’est une drôle d’alchimie qui se passe.
Il y a quelque chose qui se produit qui est très difficile à expliquer. Une sorte de mimétisme en fait. Quand on a sur l’écran le visage de la personne, on rentre dans sa respiration, dans son rythme et de par le personnage, de par la vivacité, de par l’humour ou pas, on va avoir la voix qui va s’adapter.
Évidemment quand je fais Cameron Diaz, toute blondette et ingénue, ou Mila Kunis je ne prends pas la même voix que quand je fais Catherine Zeta-Jones qui est plus glamour, bien dans les graves.
Mais souvent, on n’est pas casté à la « couleur » de voix. On est casté à l’énergie, et parfois évidemment à la rapidité d’exécution, à la dextérité, mais le plus souvent à l’énergie.
Moi j’ai des comédiennes que j’adore sur lesquelles je ne pourrais absolument pas coller, parce que je ne suis pas dans la même énergie qu’elles.
Je n’ai pas leurs débits, et puis d’autres qui me font « souffrir » parce qu’il faut que je cours après, enfin souffrir c’est un bien grand mot bien sûr, mais je dois aller les chercher, imiter leur jeu qui n’est pas naturellement le mien.
Vous dire comment se fait « le process » je serais bien incapable de l’expliquer, je le constate. Et parfois même c’est arrivé à mes enfants par exemple de pas me reconnaître (rire).
Même moi… d’avoir un doute en me disant « Mais c’est moi qui ai enregistré ça ? j’ai l’impression de me reconnaître… je ne suis pas sûre… ».
Il y a un moment quand on enregistre, quand il y a le rouge (ce qu’on appelle le rouge c’est-à-dire qu’il y a une petite lumière rouge à l’entrée du studio pour interdire l’entrée et ne pas interrompre la séance de travail), quand le micro est ON, on est un peu absent, on est concentré sur les yeux de la comédienne qu’on double. J’essaie en général d’être plus synchrone avec les yeux qu’avec la bouche, finalement, parce que c’est par là que passe la sincérité, c’est un conseil précieux que donnait Perrette Pradier, une grande dame de ce métier. Donc on est dans un état un peu particulier d’inconscience qui fait que je suis incapable de vous expliquer plus précisément la technique. Tout ça est finalement très instinctif.
Un film que j’adore revoir, c’est « Le Terminal »(2004), avec votre voix pour Catherine Zeta-Jones. C’est un film dont vous avez de bons souvenirs ?
Oh comme ça me fait plaisir que vous me parliez de ce film que j’aime beaucoup. Je ne l’ai pas revu, et de toute façon je suis pas très fan d’écouter mon travail, ça me sort un peu de l’histoire.
Mais je me souviens que j’ai eu un grand plaisir. On s’est régalé à enregistrer cette très jolie comédie et je garde en effet un joli souvenir.
Mon partenaire était Jean-Philippe Puymartin, et on avait bien rigolé.
Si je me souviens, il avait pris un accent et oui… c’était un très joli moment, mais ça remonte à drôlement longtemps.
Avez-vous une «voix » fétiche ?
Je n’ai pas de voix fétiche, Non.
J’ai des comédiennes que j’aime bien retrouver. Toni Collette bien sûr, parce que ce qu’elle fait est toujours surprenant, c’est toujours rare, toujours intéressant, intelligent. J’ai des rendez-vous comme ça où je me régale à l’avance.
Mais pour vous donner un exemple, Hilary Swank, qui est pourtant une merveilleuse comédienne, ne fait pas toujours de très bons films . J’ai plaisir à la retrouver parce que je sais que sa partition sera toujours intéressante, mais parfois les films sont ne pas passionnants.
J’ai eu des moments de bravoure, des moments où je me suis dis « Waouh, là j’ai quand même fait un sacré boulot parce que ce n’était pas facile », donc j’étais fière et contente de mon travail, mais je n’ai pas de voix fétiche, non.
Quel est le doublage qui vous a le plus marqué, que cela soit positif ou négatif ?
Je vais vous raconter deux souvenirs, un positif et un négatif.
Je pourrais vous en raconter plusieurs mais…
J’ai souvenir d’un film que j’ai enregistré y a fort longtemps sur une comédienne que j’adorais, qui s’appelle Juliette Lewis, sur laquelle je ne colle pas.
Voilà un exemple de comédienne qui est très lourde, très ample, très ancrée.
Moi j’ai un débit qui est beaucoup plus rapide. On a travaillé, on a fait le job, mais il se trouve que les problèmes de disponibilités des comédiens ont fait qu’on a pas pu doubler ensemble et dans le même ordre que le film, ce qui arrive très souvent malheureusement.
Si le DA ne nous précise pas où en est émotionnellement le personnage dans l’histoire, et bien parfois on peut passer à côté de certaines choses et en l’occurrence.. :
Je commence la première scène que j’enregistre, le personnage pleure sur la tombe de sa grand-mère, et moi je vois cette comédienne que j’adore pleurer toutes les larmes de son corps. Elle est blottie, cachée, donc je pleure et je suis son rythme de larmes, etc. Mais comme le film est dans le désordre, je me rends compte qu’en fait elle était torturée par la personne qu’elle venait d’enterrer, et que donc c’était des pleurs de soulagement de libération ! Ce ne sont pas du tout les mêmes pleurs… et j’ai regretté terriblement qu’on ait pas pu refaire la scène.
J’ai beaucoup insisté, mais on avait pas le temps… Voilà par exemple un souvenir où je me suis dit « Ouf, il faut se méfier. Si on tombe sur un Directeur artistique qui ne fait pas bien son boulot ou qui n’est pas attentif, qui ne nous raconte pas bien l’histoire, (il ne faut pas oublier qu’on ne voit pas le film avant d’enregistrer pour des question de confidentialité malheureusement, sauf à de rares exceptions) et bien on peut pas passer à côté de grosses scènes comme ça ».
Un autre exemple très joli : j’ai enregistré une série qui s’appelle « Borgen », ça passait sur Arte. Maintenant c’est sur Netflix.
C’est une série danoise formidable, avec une comédienne qui s’appelle Sidse Babett Knudsen, où je me suis régalée, mais vraiment régalée.
Et il se trouve que j’étais à Montmartre un jour… Cette comédienne parle assez bien français parce qu’elle a fait ses études de théâtre à Paris. Elle a un joli petit accent, donc il faut quand même la doubler, mais elle parle assez bien français.
Je suis donc aux abbesses , et un jour je sors d’un déjeuner pas très agréable, et je marche dans la rue, je regarde un peu le bout de mes chaussures, je la croise (elle venait tourner avec Luchini en France), j’ai un petit sourire mais je continue mon chemin. Mais quelques pas plus tard, je sens une petite tape sur mon épaule.
Je me retourne et elle me dit « Excusez-moi, mais j’ai l’impression de vous connaître ». Je lui ai fait un grand sourire en lui disant : « Vous ne pouvez pas me connaître mais moi je vous connais un petit peu parce que je vous double depuis 3 ans. »
Et on a eu une discussion comme ça, très jolie sur le trottoir où elle me disait « Mais c’est fou, j’ai eu la sensation quand on s’est croisées qu’on se connaissait vraiment » Nous sommes très proches, et en âge et en tessiture de voix, et y a eu un drôle de truc comme ça qui s’est passé. Ce sont des moments rares.
Je pensais à une autre anecdote sur une série que j’enregistre en ce moment où le nombre de personnages que j’ai à faire est complètement fou et un vrai régal.
La série s’appelle « Black Ladies Late Show » et je crois que ça doit passer sur Netflix.
C’est un régal parce que dans chaque sketch, Robin Thede est plus folle et il faut suivre sa clownerie, il faut rentrer dedans et il faut la servir, et être à la hauteur de son talent.
C’est impossible mais c’est tout à fait jubilatoire. J’ai le même genre de plaisir sur la série « Gentleman Jack » avec la comédienne Suranne Jones avec laquelle je me régale.
J’ai fait un article il y a quelques années traitant du fameux débat : c’est mieux la VO ou la VF ?. Pour vous, il y a des séries ou des films que vous préférez voir en version originale, ou par solidarité avec vos collègues et votre métier vous privilégiez la VF ?
Le grand débat VO ou VF. Je vais vous donner mon sentiment qui n’est que le mien.
Un comédien c’est un corps, c’est une voix, c’est un visage, c’est un ensemble. Pour être au plus proche et regarder son travail, il va sans dire que c’est quand même la VO, puisque pour les conditions que je vous ai énoncées tout à l’heure, nous n’avons pas le même temps de travail et même si notre boulot est de les servir au plus près de ce qu’ils ont fait, il y a toujours une petite trahison.
Maintenant, il y a aussi des rencontres formidables, on va prendre évidemment l’exemple de Patrick Poivey avec Bruce Willis, ou même de mon père avec De Niro, où tout d’un coup il y a des rencontres qui font oublier l’original et qui font que voilà, on est happé et ça fonctionne très bien.
Moi je regarde des VO parce que quand je regarde une VF je reconnais toutes les voix donc je m’amuse à reconnaître le studio où ça s’est enregistré et je pense à l’ingénieur du son qui a pu enregistrer, donc je décroche de l’histoire ça c’est un défaut professionnel.
J’ai un peu l’impression de faire des heures supp’ parfois. Cela dit, il m’arrive de temps en temps de ne pas faire la démarche de passer en VO, de tomber sur des VF, de les regarder et de me dire « Je sais pas qui c’est et c’est très bien et c’est tant mieux » voilà. Donc je suis pas du tout contre mais je sais que sur des vrais beaux comédiens ou des grands films, je vais privilégier la VO.
Comment s’annonce 2023 pour vous ?
Écoutez, mon année 2022 a été très très remplie, j’ai été gâtée.
Par contre comme j’ai deux casquettes, que je suis et comédienne et Directeur artistique, je vais sûrement être obligée de calmer tout ce qui concerne la direction artistique parce que ça me prend beaucoup de temps : j’ai écris une pièce qui va se jouer au théâtre dans laquelle que je vais interpréter un des rôles donc entre les répétitions et les représentations, et donc je risque de manquer de temps pour tout faire.
En projet en doublage, il y a des saisons qui reviennent, donc je vais avoir en comédienne probablement « Gentleman Jack », « Black Ladies Late Show » dont je vous parlais tout à l’heure, « House of the Dragon » puisque mon personnage est passé entre les gouttes sur la première saison (rires).
Voilà, c’est ce qui me revient.. plus les bonnes surprises que je ne connais pas encore.
Il y aura aussi sûrement les saisons suivantes de « Murders in the building », « Warrior none », et une série que j’adore qui s’appelle « Physical » pour lesquelles je fais la direction artistique mais pour l’instant c’est encore en stand by.
Voilà celles qui me reviennent comme ça, mais je n’ai pas le nez dans mes papiers et j’en oublie forcément. J’ai énormément de chance, je travaille beaucoup, je ne m’en plains pas.
Tout ça est fatiguant mais j’ai la chance de travailler beaucoup et ça c’est un cadeau que je savoure à chaque instant parce que notre métier est parfois difficile et certains comédiens restent injustement sans travail, ce qui est très douloureux.
Nous dépendons du public. Si les gens ne vont pas au théâtre, les salles sont vides et les producteurs ne prennent plus de risque. Si les gens ne vont plus au cinéma, les films ne se produisent plus. Nous avons chacun un responsabilité pour faire vivre la culture sous toutes ses formes. C’est un équilibre fragile et beaucoup plus de professions qu’on imaginent pas pâtissent du manque de curiosité parfois du public. Des gens formidables avec infiniment de talent et de générosité souffrent de cette situation. Donc je me sens très privilégiée de pouvoir exercer mon métier.
Vous avez mentionné à plusieurs reprises la série « House of the Dragon ». Qu’est-ce qu’on ressent quand on intègre « la famille » Game of Thrones et le fabuleux monde de George R.R. Martin ?
Étant une fan inconditionnelle de GOT que j’ai découvert lors de sa diffusion, j’ai été très déçue de ne pas avoir été contactée par le directeur artistique qui s’en était occupé, pour le rôle de Cersei, qui pour moi est le plus intéressant de la série. D’autant que j’avais doublé cette comédienne (Lena Headey) à plusieurs reprises, dans les « Chroniques de Sarah » entre autres. Mais les goûts et les couleurs ça ne se commente pas, et il n’avait peut être pas pensé que ce rôle me conviendrait. Bref, c’est la vie.
Donc quand on m’a contacté pour retrouver Eve Best que je suis depuis longtemps (« Nurse Jackie », « Lucky man », « Winx » etc…) j’étais ravie. Je trouve son rôle pour l’instant assez mystérieux mais connaissant la formidable comédienne qu’elle est je ne doute pas qu’il va s’étoffer. Ayant réussi à ne pas se faire cramer par un dragon dans la saison une, je croise les doigts pour que son personnage se développe !
Un dernier petit mot pour Gillesfaitsoncinema.com ?
On a besoin de vous, on a besoin d’avoir des retours, des gens qui suivent notre travail, c’est toujours très intéressant et touchant. Il ne faut pas oublier qu’on travaille un petit peu coupé du monde, dans des studios tout noirs, donc c’est agréable de savoir qu’il y a des gens qui apprécient notre travail. Je vous remercie pour l’attention que vous avez bien voulu me prêter. Et je sais que nous sommes nombreux à être sensibles à vos encouragements. je relirai bien sûr ce que vous aurez transcrit, Merci Gilles.